Même si je prends des pincettes lorsque j'entends "notre machin français est le plus grand du monde", c'est vrai que cette abbaye est sacrément grande.
C'est devant la mairie que se dresse un grand mur et un portail d'apparence anodine. Pourtant de l'autre côté nous arrivons sur une immense cour cerclée de bâtiments blancs flambant-rénovés.
Si le site regroupait 4 monastères. Aujourd'hui il n'en reste que 3:
Le couvent Saint-Jean-de-l'Habit a quant à lui totalement disparu.
L'abbaye était en réalité le puissant siège d'un ordre monial, l'Ordre de Fontevraud. Les monastères de l'ordre avaient pour caractéristique d'être doubles : hommes et femmes séparés, mais dans une même structure.
Rien qu'au cours du XIIe siècle, moins de 100 ans après sa création, l'ordre a regroupé une centaine de prieurés entre la France, l´Espagne et l'Angleterre, pour plusieurs milliers de moniales.
On imaginera aisément l'influence que pouvait avoir cette communauté et les finances qu'elle canalisait dans ces lieux.
Le mouvement religieux va traverser de nombreux siècles avant de se heurter à la révolution.
En 1789 l'Assemblée nationale va voter la fin des privilèges du clergé et l'appropriation de ses biens par l'état Français. A cause du poids des impôts et des pensions d'État accordées aux religieux qui quittent le couvent, l'abbaye se vide en quelques années. L'ordre n'y survivra pas. C'est la fin.
Pour contrer les pillages et le vandalisme qui s'en suivent, la commune revend les biens de l'abbaye aussi vite que possible, sans avoir les moyens d'entretenir les édifices. Le futur du lieu reste menacé par l'abandon.
La donne changera lorsque Napoléon décrétera la transformation de l'abbaye en prison en 1804. Cette nouvelle activité va sauver l'abbaye de la ruine. Mieux : l'architecte responsable de la conversion s'arrangera pour préserver l'essentiel des structures en place.
Moins de 40 ans plus tard, l'abbaye se retrouve inscrite à la liste des monuments historiques protégés. Cette initiative est la première en son genre en France. Elle vise à allouer des fonds pour la préservation des lieux historiques jugés prioritaires.
L'univers carcéral va donc se restreindre petit à petit jusqu'à la fermeture de la prison en 1960. Les lieux libérés, c'est le top départ pour les travaux de restauration qui dureront 40 ans.
Ce que nous savourons aujourd'hui est le fruit de nombreuses décennies de travail
Le financement de tels travaux s'en ressent évidemment sur le prix du ticket d'entrée. Néanmoins je trouve qu'il vaut ses cacahuètes.
Outre la visite des bâtiments superbement rénovés, la visite propose une immense ballade dans les jardins. Fleurs, potagers, gazon, arbres, collines, etc. Il y a vraiment de quoi faire et suffisamment d'endroits propices à la détente ici.
Les enfants ne sont pas oubliés. L'abbaye a disséminé des myriades d'activités dans les recoins du site.
Ainsi il est possible de projeter ses dessins dans les murs de l'église, de participer à des quiz interactifs, de rebâtir sa version de l'abbaye dans la salle aux legos ou encore de piloter des voitures en bois dans l'ancienne prison.
Alors combien de temps pour la visite ? Etant entre "au pas de charge on a de la route après" et "si un truc te plaît chérie, prends ton temps pour le visiter", nous avons mis un peu moins de 2 heures. En prenant plus son temps sous un soleil moins harassant nous aurions pu y passer 2h30 à 3h.
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