La Casinca (prononcer "cassinnca") est une piève, une ancienne circonscription territoriale autrefois dirigée par une église. Elle présente la caractéristique de se situer dans un relief à fort dénivelé (j'hésite entre collines et petites montagnes). Ses routes sont typiques des hauteurs : de bonnes montées et beaucoup de lacets.
Une vue sur Penta-di-Casinca
La commune la plus touristique est sans conteste Penta-di-Casinca. La butte sur laquelle elle se situe offre de magnifiques points sur les villages de Venzolasca, Castellare-di-Casinca et Loreto-di-Casinca. Concrètement cela se traduit par de superbes vues sur la méditerranée au loin, les montagnes et les villages qui les surplombent.
Chaque village possède son église. On y ressent vraiment cette inspiration italienne qui mélange les voûtes romanes avec une décoration en peinture du plus bel effet. La plupart d'entre elles sont (sur)chargées de statues.
Venzolasca est imprenable depuis la terrasse du petit restaurant "U Fornu".
L'établissement est spécialisé dans les plats corses et nous avait été recommandé par notre premier hôte.
Les habitations sont souvent d'anciennes demeures datant de plusieurs siècles. Les maisons sont toutes en pierres. Visiblement il y a eu une tendance à recouvrir ces pierres avec du ciment, probablement la solution économique pour corriger les dégâts du temps. Mais nous avons toutefois constaté un mouvement de rénovation de ce patrimoine. Sans doute pour son cachet mais aussi pour attirer les touristes.
Au détour d'une ruelle nous avons engagé une discussion avec des ouvriers qui rénovaient l'une de ces maisons. Dans le village la plupart des travailleurs sont issus des pays de l'est et travaillent à 4 pour une maison. Ce genre de chantier leur assure un contrat de 10 à 15 ans de travail.
Ils nous ont proposé de visiter la bâtisse. Le décor est proche des maisons italiennes, avec les voûtes et de grands carrelages. Ici les maisons sont immenses et certaines abritaient même des familles de plusieurs générations sous le même toit.
Les flancs du village de Loreto-di-Casinca
Il y a quelque chose de très esthétique à voir tous ces bourgs qui dominent leur colline. A vol d'oiseau les villages de la Casinca ne sont séparés que de 1 à 3 kilomètres. Mais en pratique les lacets multiplient les distances.
Le village de Loreto-di-Casinca surplombe sa montagne
La petite église de Loreto-di-Casinca qui malheureusement était fermée
Un paysage imprenable depuis l'extrémité de Loreto-di-Casinca
La Castagniccia (prononcer "castagnichïa") est une région montagneuse située au sud de la Casinca. Elle se compose de 5 pièves, ce qui la rend plus étalée. Nous la rejoignons par des petites routes de campagnes où nous croisons sur les bas-côté vaches et cochons noirs !
Nous n'avions pas beaucoup de documentation sur la Castagniccia, aussi nous nous sommes concentrés sur des églises qui constituent les monuments majeurs.
Nous commençons par la commune de la Porta et son église Saint-Jean-Baptiste, dont le fronton et le beffroi peuvent s’enorgueillir d'arborer les couleurs les plus chaudes de la région.
A l'intérieur de l'église Saint-Jean-Baptiste
Nous nous sommes intéressés au village de la Porta, montant et descendant dans les ruelles du village. Mais force est de constater que l'unité architecturale est moins rigoureuse qu'en Casinca. C'est bien sûr un avantage pour les habitants qui peuvent construire des maisons plus modernes, mais de l'autre côté cela dilue l'attractivité pour le visiteur.
Par la suite nous reprenons la route en direction Piedicroce. Nous nous arrêtons en route pour visiter un bien étrange édifice sujet aux affres de la nature. Il s'agit de l'ancien couvent de Saint-François d'Orezza.
Le bâtiment entre en état de ruine au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Une version de l'histoire affirme que ce sont des occupants italiens qui l'auraient fait sauter pour éviter que leur réserve d'armes et de vivres (alors cachés à l'intérieur) ne tombe aux mains des Allemands. Une autre prétend que les allemands l'auraient bombardés avant d'y entreposer leurs munitions. En bref on reprend les mêmes termes que l'on brasse dans le sens que l'on veut. ;)
A peine plus loin nous parvenons à l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Piedicroce. Son excellent état contraste avec le couvent, il s'agit même du plus bel intérieur que j'ai pu voir au cours de la journée.
Ici les accessoires (tableaux, statues, crucifix) sont de tailles modestes. On ne ressent pas ce déséquilibre que l'on ressent dans la plupart des églises des villages. De plus les peintures murales sont particulièrement détaillées, un véritable travail de minutie.
Nous finissons avec une promenade dans le village de Piedicroce. Ici nous sommes éloignés des secteurs touristiques et cela se sent, les commerces sont rares et les ruelles sont moins attractives. La fatigue de la journée joue aussi sur notre perception.
Pourtant la Castagniccia mériterai que l'on y passe quelques jours de plus, car elle dispose d'un gros potentiel de photos de paysage. La piève d'Orezza est vraiment attractive à ce niveau là.
La piève d'Orezza cache de superbes paysages
Pour conclure, la Casinca c'est OUI ! Oui cela vaut le coup de venir y passer une journée ou même plusieurs pour visiter quelques uns de ses magnifiques petits villages, tous aussi jolis les uns que les autres.
Concernant la Castagniccia je serais plus modéré. Les villages y sont beaucoup plus éparses, un peu moins attrayants mais surtout mal documentés. Toutefois je pense qu'il aurait fallu y passer plus de temps pour vraiment profiter de cette région. En effet, si la Casinca est une piève, la Castagniccia en est tout de même constituée de 5 !
Bref c'est un pari qui s'adresse plus à ceux qui ont déjà visité la Corse et qui sont prêts à creuser plus loin.
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