Pour le départ nous nous rendons à Ploumanac'h où nous pouvons laisser la voiture non loin du sentier des douaniers. Les vacanciers ne sont pas tous partis et constituent encore un léger flot de marcheurs auquel nous nous intégrons rapidement.
Nous tombons rapidement sur le petit bateau aux couleurs vives. Il s'agit du "Président Toutain", un canot de sauvetage. Certes il semble petit mais sa coque verte indique qu'il peut être sorti par tout temps, même lors des tempêtes. Un petit costaud en somme.
Sur la côte la teinte des rochers tire bien sur le brun / rose. Avec cette mer d'un bleu vif, les couleurs paraissent presque irréelles.
J'ignorais que la mer pouvait être aussi transparente de ce côté de la France. L'eau ne charrie quasiment pas de sable ou de vase. Elle est bien loin l'Atlantique aux eaux troubles de ma jeunesse.
Au passage je remarque que les granits sont tous arrondis. C'est pourtant une roche très dure, il a dû en falloir du temps pour les user ainsi, à une époque où les océans étaient bien plus hauts. Néanmoins c'est grâce à ça que nous pouvons admirer ce spectacle fait de rondeurs et de rougissements.
Comme en Islande, les sentiers sont aménagés pour préserver la nature fragile.
Plus loin, le chemin nous fait longer l'anse de Saint-Guirec. Il y a ici une vrai plage faite de sable, de parasols, de bronzages et de baignades. Nous ne ferons que traverser pour nous engouffrer dans le bois voisin et poursuivre notre randonnée.
Nous arrivons rapidement sur une autre plage avec plus de rochers. Les gens profitent de marée basse pour pêcher des petits crustacés. De mon côté je m'isole afin de trouver un coin éphémère à moi tout seul où je plante le trépied et l'appareil. Au bout d'un moment je réalise que le temps est vite passé et que Anne-Laure, qui est restée sur la terre ferme, s'inquiète de ne pas me voir ressortir des rochers. Je l'appelle, elle me rejoins et nous profitons de la vue quelques instants.
L'air est frais et le paysage est paradisiaque, bref un pur instant de bonheur.
Sur l'île d'en face nous pouvons apercevoir le château de Costaérès, un manoir conçu au XIXeme siècle en granits roses. Il est privé et ne se visite pas. Seuls les yeux et l'imagination peuvent aller y vagabonder.
Nous reprenons notre route. Entre falaises et bois, le décor est comme enchanté. Enfin à l'exception près des moucherons qui ont trouvé dans ces sous-bois un habitat propice.
Je n'ai jamais vu une falaise aussi lisse, sans arrête saillante. A son pied, Anne-Laure qui scrute l'horizon.
Une quinzaine de minutes plus tard nous arrivons au port de Saint-Guirec. Nous commençons à fatiguer un peu et il faudrait penser à revenir. L'air côtier est doux et une petite pause nous requinque. Nous retournons donc à l'anse par le sentier, puis nous retournons au parking en passant par le village et la route de Ploumanac'h. Je voulais voir de près ce rocher qui avait frôlé la voiture dans le sens de l'aller.
Finalement nous tombons dessus. Il est du type de ceux qui roulent sur Indiana Jones. Sauf que celui-ci est bien calé. Enfin je crois. En tout cas il y a des trucs qui lui poussent dessus, ça doit bien être un bon signe, non ?
A la voiture Anne-Laure me laisse. Je suis le plus frais de nous deux, j'en profite pour retourner sur le sentier de douaniers un moment.
Puis je reviens sur nos pas pour aller voir le phare de Ploumanac'h de plus près. J'emprunte ce chemin que nous avions laissé de côté au premier passage.
Le soleil est de plus en plus bas et donne cette lumière rasante si particulière. Il y a pleins de bon angles pour photographier ce phare.
Je me suis baladé assez longtemps en solitaire. Il est temps de retourner à la voiture. Il se fait tard et je voudrais bien profiter des derniers rayons de soleil pour photographier l'île vierge, à une heure d'ici. Nous repartons donc de bon train pour rechercher un point de vue.
Pas de bol. Nous avons le point de vue mais un gros nuage cache le soleil. Un peu déçus et fatigués nous ne tardons plus à rechercher le camping le plus proche. Il fait presque nuit et le gérant allait justement fermer. Notre nuité se sera joué à quelques minutes près.
Nous montons la tente à la lueur de nos lampes frontales, puis entamons notre festin de la soirée. Au menu : sandwichs et compotes. Le poids de la journée nous écrase de plus en plus, et bientôt nous irons rejoindre les bras de Morphée, le sourire en coin.