Il nous est tous arrivés de tomber de temps à autres sur un reportage ou des photos d'expéditions spéléologiques. Ce type d'exploration requiert du temps, des guides, du matériel et une bonne dose de courage. Personnellement je ne suis pas sûr que j'aurai voulu faire cet effort.
Or à Padirac de grands efforts ont été déployés afin de s'affranchir de ces obstacle. Le spectacle devient accessible au plus grand nombre, même aux PMR (ceci dit la configuration des lieux n'est pas adapté aux poussettes ou aux fauteuils). Étant donné la popularité du site et de sa proximité avec le Périgord, cela aurait été trop bête de passer à côté.
Nous voici de bon matin au gouffre. Il se présente sous la forme d'un trou béant de 33 mètres de diamètre pour 75 mètres de fonds ! La descente est assurée par ascenseur ou escaliers.
D'anciennes légendes attribuent la création de cette caverne au diable, qui aurait fini par se retirer dans les bas fonds de l'antre. Mais il en aurait fallu plus pour stopper la curiosité de Edouard-Alfred Martel, qui en 1889 fut le premier à explorer le gouffre et à longer la rivière qui s'y écoule. Le premier aussi à flairer le potentiel touristique du site.
Située à 103 mètres sous le niveau de la surface, nous enchaînons avec la galerie de la source, un couloir longeant le cours de la rivière.
Ici il y fait 13°C toute l'année pour un niveau d'humidité de 98%. Rien que la hauteur de la caverne suffi à impressionner quiconque entre dans ce lieu.
La roche constituant les parois est du calcaire. Contrairement à une croyance commune, c'est une roche imperméable. Le passage de l'eau n' est possible qu'à partir du moment où la roche est fracturée, typiquement par des mouvements de plateaux. Des hypothèses situent ces mouvements lors de la formation du plateau (-170 millions d'années) ou bien lors la formation des Pyrénées (-40 millions d'années).
Ceci dit le creusement des tunnels par l'érosion est estimé plus récent, il y a 1 à 2 millions d'années en arrière. L'érosion résulte de 2 types d'actions :
J'ignore si cette eau est potable, mais elle est éloignée de toute pollution humaine
Lorsque tout le dioxyde de carbone est chassé d'une salle, l'eau perd alors sa propriété acide. L'action chimique n'étant plus, les sédiments de calcaire s'amalgament, formant le paysage bien connu de ces grottes : stalactites, stalagmites, cascades, draperies, etc.
Des embarcations jonchent la première galerie. Elles servent à emmener les visiteurs sur une portion de la rivière, vers une autre partie de la grotte. Nous sommes en juin et la saison touristique est loin d'atteindre son pic. C'est une navigation de un kilomètre de distance qui nous attend, au gré des indications de notre batelier.
Le trajet de termine sur la vue d'un stalactite de 60 mètres de haut ! Mais les prises de vues sont interdites sur cette portion. Et oui, les photographe pourraient déséquilibrer les chaloupes dans leur enthousiasme. :)
Succession de gours
Après la partie en bateau, nous rejoignons la terre ferme avec le Lac des Gours. Un gour est une accumulation de sédiments (ici du calcaire) qui finissent par former un barrage naturel. Il n'est pas rare que les gours se succèdent, formant des paliers. L'eau s'écoule alors d'un pallier à l'autre par débordement.
En s'en doutera, la présence des gours a constitué un ralentissement lors des explorations de la caverne, imposant de soulever le canot pour le passer de pallier en pallier.
Nous finirons avec le lac supérieur Celui-ci prend place dans un dôme naturel de 94 mètres de haut ! Cette cavité s'est formé en environs 2 millions d'années. Edouard-Alfred Martel le qualifiait de gouffre inachevé, car en effet seuls quelques dizaines de mètres séparent son sommet et la surface. Mais les conditions requises à son érosion n'étant plus réunies, sa structure est désormais stable.
Un étrange stalagmite surplombe le lac : on le surnomme la Pile d'Assiettes. Sa formation provient de la grande hauteur du dôme : les gouttes tombent à grande vitesse, l'impact éclate les particules de calcaire suivant une forme circulaire et évasée. Ensuite l'empilement n'est qu'une question de temps.
Alors qu'en ai-je pensé ? Absolument enthousiasmant ! Je n'aurai jamais imaginé pouvoir un jour faire du tourisme en sous-sol. C'est une rare opportunité accessible à la majorité des personnes. De plus les paysages sous-terrains sont de toute beauté, les photos ne peuvent retranscrire l’immersion que l'on vit au sein de la caverne.
Est-ce déconseillé aux claustrophobes ? Je n'ai traversé aucun boyau étroit, au contraire l'entrée se fait via un large gouffre, les couloirs font environs 3 mètres de large au minimum pour plus de 10 mètres de haut et les cavernes sont stabilisées depuis plusieurs siècles au minimum ... bref, je ne pense pas que cela pose problème.
Que vous soyez dans le Lot, la Dordogne, la Corrèze ou l'Aveyron, je vous recommande vivement de faire le déplacement jusqu'au gouffre de Padirac. Vous pourrez compléter votre journée avec la visite de Rocamadour, non loin.
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